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Rencontre avec VanRah, mangaka

mardi 14 décembre 2021, par D. Coussement

Ce jeudi, des élèves de 3ème, 4ème et 5ème des sites de Bléneau et de Saint-Sauveur ont rencontré VanRah, une mangaka française qui est l’auteure de plusieurs séries à succès, comme Stray Dog ou Mortician, édités chez Glénat.

VanRah a commencé à travailler en tant qu’ostéopathe pédiatrique avant de se consacrer à l’écriture et au dessin de ses mangas. Spécialisée dans les malformations osseuses des enfants, VanRah expliquait à ses petits patients comment elle allait procéder pour les soigner en faisant des dessins, et ses patients lui ont conseillé de faire de ses dessins son métier. Elle lisait déjà beaucoup de mangas et en lit toujours ; elle aime d’ailleurs beaucoup Bleach, Père et Fils et plus récemment Barakamon.

Elle a débuté en tant qu’encreuse pour l’éditeur DC Comics sur des séries comme Batman ou Green Lantern. Cela lui a permis de se faire connaître, mais elle s’est tournée vers le manga car elle aime la liberté dans l’agencement des cases et la longueur que ce genre lui permet, à l’opposé de la BD franco-belge ou du comics, qu’elle juge trop codifiés.

Son parcours n’a pas été simple : sa série phare, Stray Dog, a été refusée par toutes les maisons d’édition, et notamment par Glénat, à qui elle l’a envoyée quatre fois ! Elle a fini par poster sa série en ligne sur un site américain et c’est là que le succès a été au rendez-vous : en une semaine, le premier chapitre a comptabilisé un million de vues ! Elle nous a raconté qu’à un salon, elle s’est fait approcher par un homme qui l’a accusée d’avoir plagié un artiste et qui lui a montré son propre travail : elle lui a du coup expliqué que c’était bien elle qui était l’auteure de ces œuvres. Cet homme était le directeur de Glénat, qui la publie du coup maintenant !
Elle vit désormais de son travail de mangaka, qui lui prend énormément de temps : elle peut travailler jusqu’à 14 heures par jour et se retrouve parfois obligée de ne plus sortir pendant plusieurs mois pour pouvoir tenir les délais de sortie imposés par l’éditeur. Elle a même été « obligée » de prendre des chiens pour se forcer à sortir de chez elle ! Elle nous a confié d’ailleurs qu’elle n’avait pas trop mal vécu le confinement, car son travail la force quasiment déjà à être confinée tout le temps... Elle doit travailler beaucoup car le manga est un genre où les lecteurs s’attendent à un rythme de parution très soutenu, elle est donc contrainte de tenir des délais courts, mais elle n’a pas comme les gros studios d’assistants pour encrer ou lettrer ses pages. Elle est du coup considérée comme une artiste « lente » dans le métier : un tome de ses séries peut lui prendre entre 4 mois et 1 an.

Une autre difficulté de son métier est bizarrement sa nationalité : en tant que française, elle a eu beaucoup de mal à être considérée comme une « vraie » mangaka ; certains prix de lecteurs lui ont même été retirés quand les organisateurs ont appris qu’elle n’était en fait pas japonaise ! Elle voit toutefois que les choses bougent et il y a aujourd’hui de plus en plus de mangakas non-japonais reconnus. Même si elle rappelle que ce milieu est très fermé et concurrentiel, elle adore ce qu’elle fait et est fière d’être désormais reconnue comme une artiste dans ce domaine.

Pour créer ses histoires, VanRah part toujours d’un thème qui l’inspire , et elle personnifie ensuite ce thème en créant un personnage qui représente un aspect de ce sujet. Elle aime partir d’abord des personnages pour ensuite construire l’histoire. Les personnages qu’elle crée s’inspirent quasiment tout le temps de personnes qu’elle a côtoyées dans sa vie ou de membres de sa famille, qu’elle place ensuite dans son univers fantastique. Elle aime tous les personnages qu’elle a créés, mais certains sont plus compliqués à dessiner que d’autres, notamment lorsque les costumes ou les accessoires sont très détaillés et qu’elle doit les reproduire des centaines de fois. Elle dessine avec une tablette graphique, même si au départ, elle ne voulait pas lâcher le dessin traditionnel au crayon. Cependant, avec les délais imposés, la tablette lui permet de gagner beaucoup de temps sur le gommage et l’encrage de ses dessins ainsi que sur la numérisation, qui se fait automatiquement.

Après toutes ces informations, nous avons pu faire une séance de dédicaces et il était déjà temps de se dire au revoir. Merci encore à VanRah pour nous avoir expliqué son métier et sa passion !

Compte-rendu réalisé à partir des textes de Louane, Swann, Tom, Maëlys, Alban, Manon et Oban.